lundi 31 janvier 2011
Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu (Woody Allen, 2010)
Le dernier Woody Allen qui débarque: entre assurance de passer un bon moment, espoir d'être surpris par le petit plus et crainte d'être déçu par le rabâché. Au final c'est la dernière option qui prédomine d'abord, la seconde qui s'installe au fur et à mesure et la première qui conclut. En somme, si les rouages sont connus et sans surprises (mais toujours efficaces), Woody Allen délivre cependant une vision de la crise existentielle et de la peur de mourir très sombre offrant un surprenant contraste avec un environnement lumineux et rassurant. Et on regrettera au final juste de ne pas suivre plus longtemps les personnages dans leur pathétique combat perdu d'avance, la fin laissant un arrière-goût d'inachevé. Dommage, il y avait pourtant la matière pour que "Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu" s'installe parmi les meilleures œuvres du New-Yorkais.
dimanche 23 janvier 2011
Comédie érotique d'une nuit d'été (Allen, 1982)
Un Woody Allen à la campagne, c'est un peu comme Bergman qui se mettrait à la comédie. Et c'est justement à la seule comédie (à ma connaissance) de celui-ci, "Sourires d'une nuit d'été", que fait notamment référence le cinéaste new-yorkais. Comme d'habitude, c'est plaisant à regarder, même si le traitement des thématiques bien-connues est sans surprise et déjà vu dans certaines des œuvres antérieures de Woody Allen. Le scénario sombre quelques fois dans la facilité et il manque l'étincelle présente dans ses meilleurs films. Restent le cadre inédit et joliment filmé, quelques séquences inhabituelles empruntant au cinéma fantastique et le ton humoristique que l'on connaît. Largement de quoi passer un bon moment en somme.
Gosford Park (Altman, 2001)
Peinture anthropologique de l'aristocratie anglaise des années 30, "Gosford Park" se révèle d'abord par son tourbillon de personnages et de micro-évènements, jusqu'à presque s'y égarer. Mais heureusement, même perdu dans en premier temps, on prend du plaisir à contempler ce microcosme superbement mis en scène. Le plaisir n'en est que plus grand lorsque l'on commence à entrer dans ce monde d'intrigues et de règles strictes et absurdes; lesquelles régissent en parallèle également l'univers des domestiques, finalement quasi-calqué sur celui des maîtres, hiérarchisé et impitoyable également. Malgré une certaine surenchère dans le haut-en-couleur des personnages, Altman réussit à poser un regard subtil, constitué de courtes esquisses, se posant en observateur se baladant sans répit dans ce huis-clos aux décors grandioses. Mais c'est aussi ce même regard "universel", qui ne se concentre pas ou peu sur certains personnages plus que d'autres, qui limite l'intrigue policière, nous laissant un peu sur notre faim. Mais qu'importe, celle-ci n'est finalement qu'un prétexte permettant à Altman de mieux dresser son tableau, fort réussi au demeurant.
mardi 11 janvier 2011
Toute une vie (Lelouch, 1974)
Une histoire du XXème siècle en préambule à un coup de foudre. Un projet ambitieux et casse-cou qui oscille entre inventivité réussie et exercice de style énervant. On se laisse souvent porter, en grande partie grâce aux dialogues incisifs et drôles lorsqu'ils échappent à une lourdeur (pseudo)-métaphysique qui les caractérise aussi. Lelouch tente beaucoup, invente ou copie. N'est pas Godard qui veut. Ici, la mise en scène est parfois dépassée par des fantaisies nombrilistes aux allures névrotiques et incontrôlées. Comme si Lelouch voulait s'autopersuader de son originalité. Pourtant, débarrassé de ses tics, le film est souvent brillant et vertigineux. Un chef d'œuvre raté en somme...
dimanche 9 janvier 2011
Fish Tank (Arnold, 2009)
Ken Loach meets Larry Clark. Quand le réalisme social anglais du premier croise les affres de l'adolescence du deuxième, cela donne "Fish Tank". Le film d'Andrea Arnold est sans conteste une belle réussite, en témoignent les images austères et grises qui rendent parfaitement l'ambiance des bas-fonds anglais, avec la nature plus onirique en toile de fond. Touchant sans tomber dans le pathos, "Fish Tank" se révèle être une critique sociale qui ne tourne pas à la démonstration, dérangeante sans pour autant œuvrer à grands renforts de scènes choquantes et crues. Et les acteurs sont très bons.
mercredi 5 janvier 2011
Fast Food Nation (Linklater, 2006)
Loin d'être exclusivement un témoignage anti-restauration rapide, "Fast food Nation" analyse pèle-mêle l'immigration mexicaine, les conditions de travail dans les abattoirs et les fast-foods, les premières prises de consciences "politiques" chez les ados. Et c'est ce qui fait à la fois la force du film tout en engendrant ses limites: la variété des points de vue et des histoires rythment le film durant lequel on ne s'ennuie donc pas un instant, mais à force de s'éparpiller le propos manque d'impact et reste finalement assez superficiel. Une sorte de "politiquement incorrect" politiquement correct en somme. Si bien que l'on reste un peu sur sa faim au final... Juste de quoi engouffrer un Big Mac.
mardi 4 janvier 2011
Le messager (Losey, 1971)
Feutré, tout en retenue, "Le messager" de Losey n'en est pas moins tragique: cet été d'un jeune garçon de milieu modeste auprès d'une riche famille aristocrate britannique à l'Époque Victorienne sera pour lui celui de l'initiation, de la déception, laissant des cicatrices ineffaçables. On pense bien sûr très fort à "L'amant de Lady Chatterley", à l'explosion des rapports de classe par la sexualité et l'amour, le jeune héros se posant à la fois en observateur, en intermédiaire et en amoureux déçu. Mais par rapport au côté cru (du moins pour l'époque) du livre de D.H. Lawrence, l'œuvre de Losey est elle beaucoup plus lancinante, discrète et contemplative. Mise en scène sublime, magnifique photographie, "Le messager" captive non par son scénario classique, mais plutôt par la beauté des images que l'on voit défiler et l'imaginaire qu'elles reflètent. L'essence du cinéma en somme...
lundi 3 janvier 2011
The social Network (Fincher, 2010)
Surfant sur la vague Facebook et produit par David Fincher qui réalise le biopic d'une personne encore vivante, "The social Network" avait à la fois tout pour attiser la curiosité et tout d'un futur film raté. Pourtant, il n'en est rien, et si les grosses ficelles attendues sont présentes, l'ensemble n'en demeure pas moins sacrément efficace. Il faut dire que Fincher met toutes les chances de son côté: bons acteurs, bande-son nerveuse (signée Trent Reznor) et dialogues sur-vitaminés et incisifs. Alors malgré l'absence d'éclairs de génie ou de surprises, cela passe vraiment comme une lettre à la poste et on ne s'ennuie pas une seconde. Et le fait d'entrer son mot de passe pour accéder à facebook après avoir visionné l'histoire de sa création que Fincher érige au rang de quasi-légende revêt un petit côté grisant et actuel. Ou absurde et inutile, au choix.
dimanche 2 janvier 2011
Lifeboat (Hitchcock, 1944)
Même si il n'évite pas totalement les écueils du film de propagande qu'il est, Life Boat s'extirpe pourtant du carcan manichéen propre à ce type d'œuvres en proposant différentes lectures possibles. Même manipulateur et sans états d'âmes, le personnage du nazi laisse encore transparaître une certaine bonhomie et une volonté d'efficacité nécessaire au reste de l'équipage. Mais c'est surtout le pari réussi d'Hitchcock de proposer un huis-clos en plein air rythmé et passionnant qui force le respect, alors même que la caméra se concentre uniquement sur l'embarcation. Dans cette unité de lieu très stricte, Hitchcock réunit différents personnages d'univers variés censés représenter la diversité des États-Unis. Les dialogues humoristiques et cyniques rythment le film sur fond de différences de classe et de sexualité enfouie. Alors même s'il ne s'agit pas de l'œuvre la plus profonde du cinéaste, Life Boat n'en reste pas moins un exercice de style réussi et un film à suspens sacrément efficace, le tout servi par d'excellents acteurs. Et même si on échappe pas à une certaine diabolisation, le tout n'en demeure pas moins bien plus subtil que les films de propagande habituels.
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