Après la douleur de la poursuite du bonheur, la morne acceptation de la défaite et de la mort inéluctable : c'est un Houellebecq assagi, mais toujours intelligent et lucide que celui de "La Carte et le Territoire". Exit l’exubérance sexuelle et les provocations ironiques des premiers ouvrages, fini les divagations futuristes de "La possibilité d'une Île", "La Carte et le Territoire" s'enrobe d'une écriture poussée aux confins de la neutralité, d'un style fluide et sobre qui font d'autant plus rejaillir les remarques et réflexions cyniques teintées d'humour et ajoutent à la fragilité des quelques esquisses de bonheur.
Si par ses questionnements sociologiques et ses ouvertures métaphysiques, le roman de Houellebecq est dans la droite lignée de son œuvre, il s'en démarque aussi par son détour par le polar et par ce désabusement qui, bien que plus total encore, s'entoure désormais d'un calme résigné. Parce qu'il n'approfondit pas, se refuse à s'engager vraiment, ressemble parfois plus à un exposé sociologique qu'à une jaillissement artistique de mots qui explosent, "La Carte et le Territoire", par sa démarche même, atteint ses limites. Tout en restant un roman fluide et soigné, drôle et intelligent...
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