mercredi 11 janvier 2012

Rhum express (Hunter S. Thompson)

De cuite en cuite, bouteille de rhum après bouteille de rhum, on suit l’alter-ego d’Hunter S. Thompson, le journaliste Paul Kemp, dans ses aventures portoricaines se résumant souvent à un but : trouver des glaçons. Pour le rhum, évidemment. Durant ces pérégrinations alcoolisées plantées dans un décor qui n’est pas sans rappeler celui d’ « Au-dessous du volcan », on plonge dans un pays en pleine mutation, s’abandonnant à une furieuse et sauvage douceur de vivre opposée aux impératifs financiers à l’américaine qui s’immiscent dans la vie de tous les jours. Au-cœur de cet endroit, des journalistes ratés mais hauts-en-couleurs, des touristes débraillés, des autochtones hostiles voire dangereux, une jeune fille américaine sensuelle et insouciante. Et surtout Paul Kemp, trentenaire déchiré entre son désir de liberté et sa peur de n’être qu’un raté, narrateur portant un regard sans complaisance mais empreint de sympathie pour la folie des autres et la sienne. Dans un style d’écriture journalistique qui n’est pas sans rappeler la plume d’Hemingway, Hunter S. Thompson porte un regard mélancolique sur une tranche de vie intense et folle dont la fin relève autant du soulagement que de la nostalgie, tandis que s’opère le glissement inéluctable vers le sordide.

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