mercredi 17 mars 2010

Le pas suspendu de la cigogne (Angelopoulos, 19991)

Le bruissement des vagues, une terre grise sombrant dans la grisaille, la neige tombante : Angelopoulos confère aux éléments de la nature un pouvoir hypnotique, berçant. Menaçant aussi, mais surtout tout empreint d’une profonde mélancolie. Happé par la lenteur et la perfection géométrique des images, on s’immerge dans cette vision en-dehors du temps, aux règles propres : chaque mot importe, chaque phrase est définitive, et les instants musicaux qui rompent le maître silence atteignent par leur indicible tristesse une beauté sublime. Pourtant, bien qu’infiniment esthétique, la réalisation croise le documentaire, tant Angelopoulos laisse le spectateur seul face aux images, sans explication. C’est dans cet univers, à la fois brut par sa distanciation et incroyablement émotionnel de par sa beauté esthétique que se déroule « Le pas suspendu de la Cigogne ». Regard sur l’exil, sur la terreur de la frontière, sur la politique et la poésie, l’œuvre du cinéaste grec place le spectateur en état de contemplation critique face au monde, envahit par une sourde résistance, emplit d’une profonde nostalgie.

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