Après la douleur de la poursuite du bonheur, la morne acceptation de la défaite et de la mort inéluctable : c'est un Houellebecq assagi, mais toujours intelligent et lucide que celui de "La Carte et le Territoire". Exit l’exubérance sexuelle et les provocations ironiques des premiers ouvrages, fini les divagations futuristes de "La possibilité d'une Île", "La Carte et le Territoire" s'enrobe d'une écriture poussée aux confins de la neutralité, d'un style fluide et sobre qui font d'autant plus rejaillir les remarques et réflexions cyniques teintées d'humour et ajoutent à la fragilité des quelques esquisses de bonheur.
Si par ses questionnements sociologiques et ses ouvertures métaphysiques, le roman de Houellebecq est dans la droite lignée de son œuvre, il s'en démarque aussi par son détour par le polar et par ce désabusement qui, bien que plus total encore, s'entoure désormais d'un calme résigné. Parce qu'il n'approfondit pas, se refuse à s'engager vraiment, ressemble parfois plus à un exposé sociologique qu'à une jaillissement artistique de mots qui explosent, "La Carte et le Territoire", par sa démarche même, atteint ses limites. Tout en restant un roman fluide et soigné, drôle et intelligent...
lundi 5 décembre 2011
vendredi 28 octobre 2011
Picco (Koch, 2010)
Certains films n'ont pas besoin de renouveler un genre pour s'affirmer. Juste d'exister. Et d'apporter leur contribution. Celle de « Picco » est forte, implacable, dérangeante.
L’œuvre de Philip Koch, basée sur un fait réel, met en scène l'univers d'une prison pour jeunes délinquants, un microcosme brutal régit par le darwinisme le plus primaire aboutissant à l'horreur de la torture. Une entité monstrueuse à la logique impitoyable, qui, en ne laissant que deux choix possibles (persécuter ou être persécuté), transforme les individus. Au-delà des scènes glaçantes et difficilement soutenables qui ponctuent le dernier quart du film, c'est cette déshumanisation progressive qui dérange.
Alors certes, les ficelles habituelles des films de prison sont connues et ici utilisées, mais les acteurs parfaits, la réalisation sobre et claustrophobe, l'analyse implacable dénuée d'espoir permettent à « Picco » de se révéler comme le digne successeur de « Scum »: le film de Philip Koch n'a rien à envier à l’œuvre coup de poing culte d'Alan Clarke, et s'inscrit dans la lignée de celui-ci comme l'un des meilleurs et des plus durs témoignages jamais tournés sur l'univers carcéral.
L’œuvre de Philip Koch, basée sur un fait réel, met en scène l'univers d'une prison pour jeunes délinquants, un microcosme brutal régit par le darwinisme le plus primaire aboutissant à l'horreur de la torture. Une entité monstrueuse à la logique impitoyable, qui, en ne laissant que deux choix possibles (persécuter ou être persécuté), transforme les individus. Au-delà des scènes glaçantes et difficilement soutenables qui ponctuent le dernier quart du film, c'est cette déshumanisation progressive qui dérange.
Alors certes, les ficelles habituelles des films de prison sont connues et ici utilisées, mais les acteurs parfaits, la réalisation sobre et claustrophobe, l'analyse implacable dénuée d'espoir permettent à « Picco » de se révéler comme le digne successeur de « Scum »: le film de Philip Koch n'a rien à envier à l’œuvre coup de poing culte d'Alan Clarke, et s'inscrit dans la lignée de celui-ci comme l'un des meilleurs et des plus durs témoignages jamais tournés sur l'univers carcéral.
dimanche 16 octobre 2011
Miso soup (Murakami)
Si Murakami dresse par le biais de sa description des quartiers louches de Tokyo la peinture d’une société japonaise à la dérive et sans repère, il se refuse pourtant à émettre un quelconque jugement de valeur sur le bien et le mal. Plutôt qu’un classique roman policier s’intéressant à un serial-killer, il s’agit d’une errance triste, effrayante et absurde. L’écriture fluide et simple, ne s’encombrant d’aucune fioriture stylistique finit par hypnotiser, tandis que l’on glisse progressivement vers l’horreur avant de sombrer dans une amertume empreinte de solitude.
mardi 20 septembre 2011
La règle du jeu (Renoir, 1939)
Certains films vieillissent mal, perdent de leur virulence et sombrent quelque peu dans le désuet : c’est ce qui relègue « La règle du jeu » du rang de chef d’œuvre (de l’avis de nombre de critiques et cinéastes) à celui d’une très bonne comédie tragique. Rythmée, entraînante, caustique, mais également empreinte d’une certaine superficialité dans la peinture des personnages, puisque de par leur nombre ceux-ci tiennent plus de l’esquisse que du tableau approfondi. Plus qu’une réflexion psychologique, c’est à une étude de mœurs (au demeurant fort réussie) à laquelle on assiste. Et si celle-ci comporte ses limites (voir ci-dessus), elle développe aussi son charme virevoltant, son humour, pour mieux appuyer son propos critique. Au final, on a du mal à comprendre à la fois l’accueil hostile de l’époque et l’enthousiasme démesuré de la critique qui s’en suivit. Comme si le temps n’avait seulement amputé le film de certaines de ses séquences, mais aussi d’une partie de sa force subversive et cinématographique…
lundi 8 août 2011
A Swedish Love Story (Roy Andersson, 1969)
Roy Andersson n’est pas un cinéaste optimiste. Son premier long-métrage, bien que loin du cynisme et du désespoir de ses deux dernières œuvres ("Chansons du deuxième étage", "Nous les vivants") ne déroge pas à la règle : si l’histoire d’amour adolescent entre les deux personnages principaux frôle parfois la mièvrerie, ce n’est que pour accentuer la décomposition et la froideur du monde adulte environnant. Îlot de simplicité et de pureté au milieu de familles où ne cohabitent que des étrangers, la relation amoureuse entre ces deux enfants de 15 ans n’en est que d’autant plus vouée à l’échec au regard du désespoir voisin de la vie d’adulte qui les attend. Et même si rien n’est dit, le développement peut paraître inéluctable. Malgré quelques longueurs et un côté austère omniprésent, "A Swedish Love Story" sonne souvent très juste et se regarde comme un beau film de vacances aux relents désespérés.
dimanche 7 août 2011
White Lightnin' (Dominic Murphy, 2009)
Débutant par une plongée dans une Amérique profonde bercée par la country et les armes à feu, White Lightning’ se transforme peu à peu en introspection hallucinée et sordide. On découvre l’enfance de Jesco White, danseur doué et toxicomane, plouc violent et psychopathe, élevé dans un patelin glauque de la Virginie Occidentale. Certes insistante et formelle, la réalisation est cependant d’une efficacité imparable : voix-off introspective, séquences entrecoupées de plans noirs comme autant de blackouts du cerveau, esthétique située quelque part entre les premiers films Dogma de Lars von Trier et les hallucinations cauchemardesques du « Pi » d’Arenofsky, bande-son omniprésente qui vire peu à peu au cauchemardesque… Mais les effets de mise en scène s’estompent peu à peu, tant on est asphyxié, happé par l’essence même du film, cette descente aux enfers insoutenable et christique sur fond de rédemption sanguinolente flirtant avec le gore. Et comme le personnage principal, on finit rongé par le mal, achevé par cette tragédie prophétique et sordide aux relents gothiques qui se révèle être l’un des plus gros chocs cinématographiques de ces dernières années.
mercredi 23 mars 2011
Black Swan (Aronofsky, 2011)
Entre chef d’œuvre halluciné de paranoïa ("Pi"), très bon film choc estampillé Hubert Selby Jr (« Requiem for a Dream »), divagations esthético-oniriques en perdition (« The Fountain ») et retour à des bases plus classiques sacrément efficace (« The Wrestler »), l’œuvre d’ Aronofsky se cherche, se construit, patine parfois. « Black Swan » serait-il enfin l’aboutissement de la première moitié de carrière d’un des cinéastes les plus doués de ces dernières années ? L’œuvre qui enfin égalera ou dépassera l’obscur mais génial « Pi » en s’érigeant au rang de futur classique ?
Après 5 minutes on reconnaît déjà la réalisation syncopée et nerveuse habituelle, qui bien qu’ayant ses limites happe rapidement le spectateur pour ne plus le lâcher. Entre beauté et oppression, les images nous happent et nous maintiennent en haleine, prisonnier des émotions véhiculées à l’écran. C’est là la première limite de Black Swan, cette impression d’être téléguidé, spectateur passif face au déroulement certes virtuose des images sur l’écran. La finesse n’est pas la principale qualité d’ Aronofsky, l’omniprésence (de la pourtant très belle) bande-son en est une illustration sans pour autant être une surprise. Mais si le réalisateur se plait indubitablement à manipuler son spectateur, il le fait avec un grand talent de réalisation, de mise en scène et de direction d’acteurs qui gomme bien des défauts. C’est donc abasourdi que l’on assiste aux dernières séquences, irrésistiblement belles et cruelles à la fois. Une fois de plus, la claque prévue est au rendez-vous. Mais lentement, les images s’estompent, les personnages d’une insuffisante profondeur s’évaporent et les images chocs disparaissent. Reste un très bon film, qui aurait mérité un peu plus de subtilité et de psychologie pour s’apparenter au chef d’œuvre… C’est là finalement toute la différence avec une œuvre comme le « Ruban Blanc » d’Haneke, sobre et réellement éprouvante, plus subtile et profonde : un véritable chef d’œuvre pour la peine, même si Aronofsky est lui-aussi d’écrire une belle page de cinéma.
Après 5 minutes on reconnaît déjà la réalisation syncopée et nerveuse habituelle, qui bien qu’ayant ses limites happe rapidement le spectateur pour ne plus le lâcher. Entre beauté et oppression, les images nous happent et nous maintiennent en haleine, prisonnier des émotions véhiculées à l’écran. C’est là la première limite de Black Swan, cette impression d’être téléguidé, spectateur passif face au déroulement certes virtuose des images sur l’écran. La finesse n’est pas la principale qualité d’ Aronofsky, l’omniprésence (de la pourtant très belle) bande-son en est une illustration sans pour autant être une surprise. Mais si le réalisateur se plait indubitablement à manipuler son spectateur, il le fait avec un grand talent de réalisation, de mise en scène et de direction d’acteurs qui gomme bien des défauts. C’est donc abasourdi que l’on assiste aux dernières séquences, irrésistiblement belles et cruelles à la fois. Une fois de plus, la claque prévue est au rendez-vous. Mais lentement, les images s’estompent, les personnages d’une insuffisante profondeur s’évaporent et les images chocs disparaissent. Reste un très bon film, qui aurait mérité un peu plus de subtilité et de psychologie pour s’apparenter au chef d’œuvre… C’est là finalement toute la différence avec une œuvre comme le « Ruban Blanc » d’Haneke, sobre et réellement éprouvante, plus subtile et profonde : un véritable chef d’œuvre pour la peine, même si Aronofsky est lui-aussi d’écrire une belle page de cinéma.
lundi 7 février 2011
L'inspecteur Harry (Siegel, 1971)
Dans la série classiques à la dérive, "L'inspecteur Harry" a déjà coulé depuis belle lurette: mise en scène vieillotte, répliques caricaturales finalement pas cultes pour un sou, scénario invraisemblable, jeu d'acteur au mieux correct et souvent sur-joué, bande-son kitsch et datée, il ne reste pas grand chose à sauver. Peut-être juste la peinture d'une ville de San Francisco sombre et menaçante assez réussie. Quant au scandale accompagnant la sortie du film, il semble bien vain et dérisoire alors que "Les chiens de paille" sortait le même jour et "Orange mécanique" deux semaines plus tôt. Deux œuvres autrement plus réussies, plus subversives et plus marquantes.
Garde à vue (Miller, 1981)
Huis-clos sobre et sans artifices, "Garde à vue" vit par ses dialogues signés Audiard. Répliques cultes et touches d'humour bienvenues, on ne s'ennuie pas une seconde durant cette garde à vue, qui au-delà de l'aspect policier instaure une atmosphère de film noir de plus en plus glaciale. Les excellents acteurs et le contexte de polar atypique sans action au sens classique en font un classique du huis-clos à découvrir absolument.
dimanche 6 février 2011
Bad Lieutnant (Herzog, 2008)
Du film de Ferrara, Herzog reprend le personnage du flic pourri, la drogue et le sexe, s'éloignant pour le reste du scénario original et y ajoutant sa mise en scène moins tape à l'œil, plus classique malgré quelques séquences illuminées. En résulte un polar efficace et sombre, inexorable descente aux enfers, malgré un pseudo-happy-end finalement au-delà de toute morale, interlude faussement naïf soulignant la décadence de l'institution policière. Avant que l'on ne replonge dans celle dans un homme.
lundi 31 janvier 2011
Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu (Woody Allen, 2010)
Le dernier Woody Allen qui débarque: entre assurance de passer un bon moment, espoir d'être surpris par le petit plus et crainte d'être déçu par le rabâché. Au final c'est la dernière option qui prédomine d'abord, la seconde qui s'installe au fur et à mesure et la première qui conclut. En somme, si les rouages sont connus et sans surprises (mais toujours efficaces), Woody Allen délivre cependant une vision de la crise existentielle et de la peur de mourir très sombre offrant un surprenant contraste avec un environnement lumineux et rassurant. Et on regrettera au final juste de ne pas suivre plus longtemps les personnages dans leur pathétique combat perdu d'avance, la fin laissant un arrière-goût d'inachevé. Dommage, il y avait pourtant la matière pour que "Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu" s'installe parmi les meilleures œuvres du New-Yorkais.
dimanche 23 janvier 2011
Comédie érotique d'une nuit d'été (Allen, 1982)
Un Woody Allen à la campagne, c'est un peu comme Bergman qui se mettrait à la comédie. Et c'est justement à la seule comédie (à ma connaissance) de celui-ci, "Sourires d'une nuit d'été", que fait notamment référence le cinéaste new-yorkais. Comme d'habitude, c'est plaisant à regarder, même si le traitement des thématiques bien-connues est sans surprise et déjà vu dans certaines des œuvres antérieures de Woody Allen. Le scénario sombre quelques fois dans la facilité et il manque l'étincelle présente dans ses meilleurs films. Restent le cadre inédit et joliment filmé, quelques séquences inhabituelles empruntant au cinéma fantastique et le ton humoristique que l'on connaît. Largement de quoi passer un bon moment en somme.
Gosford Park (Altman, 2001)
Peinture anthropologique de l'aristocratie anglaise des années 30, "Gosford Park" se révèle d'abord par son tourbillon de personnages et de micro-évènements, jusqu'à presque s'y égarer. Mais heureusement, même perdu dans en premier temps, on prend du plaisir à contempler ce microcosme superbement mis en scène. Le plaisir n'en est que plus grand lorsque l'on commence à entrer dans ce monde d'intrigues et de règles strictes et absurdes; lesquelles régissent en parallèle également l'univers des domestiques, finalement quasi-calqué sur celui des maîtres, hiérarchisé et impitoyable également. Malgré une certaine surenchère dans le haut-en-couleur des personnages, Altman réussit à poser un regard subtil, constitué de courtes esquisses, se posant en observateur se baladant sans répit dans ce huis-clos aux décors grandioses. Mais c'est aussi ce même regard "universel", qui ne se concentre pas ou peu sur certains personnages plus que d'autres, qui limite l'intrigue policière, nous laissant un peu sur notre faim. Mais qu'importe, celle-ci n'est finalement qu'un prétexte permettant à Altman de mieux dresser son tableau, fort réussi au demeurant.
mardi 11 janvier 2011
Toute une vie (Lelouch, 1974)
Une histoire du XXème siècle en préambule à un coup de foudre. Un projet ambitieux et casse-cou qui oscille entre inventivité réussie et exercice de style énervant. On se laisse souvent porter, en grande partie grâce aux dialogues incisifs et drôles lorsqu'ils échappent à une lourdeur (pseudo)-métaphysique qui les caractérise aussi. Lelouch tente beaucoup, invente ou copie. N'est pas Godard qui veut. Ici, la mise en scène est parfois dépassée par des fantaisies nombrilistes aux allures névrotiques et incontrôlées. Comme si Lelouch voulait s'autopersuader de son originalité. Pourtant, débarrassé de ses tics, le film est souvent brillant et vertigineux. Un chef d'œuvre raté en somme...
dimanche 9 janvier 2011
Fish Tank (Arnold, 2009)
Ken Loach meets Larry Clark. Quand le réalisme social anglais du premier croise les affres de l'adolescence du deuxième, cela donne "Fish Tank". Le film d'Andrea Arnold est sans conteste une belle réussite, en témoignent les images austères et grises qui rendent parfaitement l'ambiance des bas-fonds anglais, avec la nature plus onirique en toile de fond. Touchant sans tomber dans le pathos, "Fish Tank" se révèle être une critique sociale qui ne tourne pas à la démonstration, dérangeante sans pour autant œuvrer à grands renforts de scènes choquantes et crues. Et les acteurs sont très bons.
mercredi 5 janvier 2011
Fast Food Nation (Linklater, 2006)
Loin d'être exclusivement un témoignage anti-restauration rapide, "Fast food Nation" analyse pèle-mêle l'immigration mexicaine, les conditions de travail dans les abattoirs et les fast-foods, les premières prises de consciences "politiques" chez les ados. Et c'est ce qui fait à la fois la force du film tout en engendrant ses limites: la variété des points de vue et des histoires rythment le film durant lequel on ne s'ennuie donc pas un instant, mais à force de s'éparpiller le propos manque d'impact et reste finalement assez superficiel. Une sorte de "politiquement incorrect" politiquement correct en somme. Si bien que l'on reste un peu sur sa faim au final... Juste de quoi engouffrer un Big Mac.
mardi 4 janvier 2011
Le messager (Losey, 1971)
Feutré, tout en retenue, "Le messager" de Losey n'en est pas moins tragique: cet été d'un jeune garçon de milieu modeste auprès d'une riche famille aristocrate britannique à l'Époque Victorienne sera pour lui celui de l'initiation, de la déception, laissant des cicatrices ineffaçables. On pense bien sûr très fort à "L'amant de Lady Chatterley", à l'explosion des rapports de classe par la sexualité et l'amour, le jeune héros se posant à la fois en observateur, en intermédiaire et en amoureux déçu. Mais par rapport au côté cru (du moins pour l'époque) du livre de D.H. Lawrence, l'œuvre de Losey est elle beaucoup plus lancinante, discrète et contemplative. Mise en scène sublime, magnifique photographie, "Le messager" captive non par son scénario classique, mais plutôt par la beauté des images que l'on voit défiler et l'imaginaire qu'elles reflètent. L'essence du cinéma en somme...
lundi 3 janvier 2011
The social Network (Fincher, 2010)
Surfant sur la vague Facebook et produit par David Fincher qui réalise le biopic d'une personne encore vivante, "The social Network" avait à la fois tout pour attiser la curiosité et tout d'un futur film raté. Pourtant, il n'en est rien, et si les grosses ficelles attendues sont présentes, l'ensemble n'en demeure pas moins sacrément efficace. Il faut dire que Fincher met toutes les chances de son côté: bons acteurs, bande-son nerveuse (signée Trent Reznor) et dialogues sur-vitaminés et incisifs. Alors malgré l'absence d'éclairs de génie ou de surprises, cela passe vraiment comme une lettre à la poste et on ne s'ennuie pas une seconde. Et le fait d'entrer son mot de passe pour accéder à facebook après avoir visionné l'histoire de sa création que Fincher érige au rang de quasi-légende revêt un petit côté grisant et actuel. Ou absurde et inutile, au choix.
dimanche 2 janvier 2011
Lifeboat (Hitchcock, 1944)
Même si il n'évite pas totalement les écueils du film de propagande qu'il est, Life Boat s'extirpe pourtant du carcan manichéen propre à ce type d'œuvres en proposant différentes lectures possibles. Même manipulateur et sans états d'âmes, le personnage du nazi laisse encore transparaître une certaine bonhomie et une volonté d'efficacité nécessaire au reste de l'équipage. Mais c'est surtout le pari réussi d'Hitchcock de proposer un huis-clos en plein air rythmé et passionnant qui force le respect, alors même que la caméra se concentre uniquement sur l'embarcation. Dans cette unité de lieu très stricte, Hitchcock réunit différents personnages d'univers variés censés représenter la diversité des États-Unis. Les dialogues humoristiques et cyniques rythment le film sur fond de différences de classe et de sexualité enfouie. Alors même s'il ne s'agit pas de l'œuvre la plus profonde du cinéaste, Life Boat n'en reste pas moins un exercice de style réussi et un film à suspens sacrément efficace, le tout servi par d'excellents acteurs. Et même si on échappe pas à une certaine diabolisation, le tout n'en demeure pas moins bien plus subtil que les films de propagande habituels.
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